Ah le silence des poissons !

C’était y a 34 ans. T-Bear avait été mis au vert pendant un an par le corps médical suite à un sérieux problème de fibrilation et d’arythmie cardiaque dû à un épuisement professionnel (burnout pour les anglophiles). Leurs enfants avait quitté le nid Montéalais pour entreprendre leur vie d’adulte, Lucie son épouse et T-Bear avaient acheté l’année précédente pour une bouchée de pain une ferme plus que centenaire presque à l’abandon. Une cinquantaine d’hectares l’entourait dont la moitié en friche et l’autre en érablière abandonnée de puis longtemps. Jouxtant la maison, environ 1 arpent (3 420 mètre carré) était devenu un dépotoire avec la carcasse d’une ancienne grange dans un coin.

Hasard, prémonition ou destin, le lamentable état de cette ferme a permis à T-Bear de se régénérer comme le légendaire phénix en transformant en parc ce dépotoir qui entourait le bâtiment principal et en paturage les 25 hectares de friche attenante. Bélier taureau astrologiquement et dans une peau d’ours par surcroit, T-Bear est incapable de rester inactif. Au contraire, l’adversité le pousse à foncer tête baissée, quitte à se la bosser sérieusement parfois. Mais là, ça lui a été salutaire. Avec un vieux tracteur nommé Boudou et l’appui d’un expert en rétroexcavatrice (pépine), en un peu plus d’un an T-Bear a transformé la jungle en un parc anglo japonais. Jusqu’à profiter des dénivellations du terrain pour creuser deux bassins reliés par un petit ruisseau cascadant surmonté d’un petit pont en bois pour faire la partie zen. Des galets savamment placés, déplacés et replacés ajoutaient leur musique au ruissellement de l’eau.

Proche en même temps du fleuve St-Laurent et de la rivière Richelieu, son affluant, la propriété était située par autoroute à une soixantaine de kilomètres de Montréal. Pendant tous les travaux, ce fut le lieu de réunion hebdomadaire des 4 enfants du couple entraînant avec eux leurs amis, blondes, tchomes et blondes des amis dont certaines devinrent leurs épouses. Tout ce monde vibrant d’hormones, d’appétit et d’énergie à dépenser participa activement non seulement aux agapes dominicales ou festives mais aux rénovations. Inoubliable. Non seulement la progéniture du couple mais certains de leurs amis fidèles ayant dépassé maintenant la cinquantaine en parlent encore l’eau dans les yeux.

Peinture T-Bear 1992. T-Bear imberbe à l’époque s’était représenté en reflet tenant un hypothétique petit-fils en train de regarder par la fenêtre de son bureau/atelier le parc qu’il avait mis 2 ans à planter. Ce tableau est chez son fils Stephan émigré en Floride.

Le bassin du bas, le plus grand, avait été rempli de carpes rouges japonaises et de nénuphares à la Claude Monet. Pour faire encore plus zen, sur la rive gauche… ou droite suivant l’axe de perspective, il avait fait placer à l’ombre d’un jeune arbre une grosse roche et devant une bosse gazonnée en forme de siège pour lui permettre de méditer. Il appela la roche sa pierre philosophale.

Cet emplacement très songé permit à T-Bear de faire le vide en lui en regardant S’ENRACINER ET CROÎTRE LA ROCHE. Et pour s’isoler encore plus dans sa tête, il écoutat en même temps le silence des poissons. C’est fou ce que ça lui a fait du bien. T-Bear le conseille fortement comme le remède le plus efficace à l’épuisement ou à la dépression.

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