Légende d’outre-Terre

Il y aurait eu une fois dans la constellation des poissons un prince et une princesse beaux comme des dieux qui se seraient aimé de fol amour. Seulement, comme ils nétaient que fiancés, ils étaient partout chaperonnés par des robots paparazzis enragés qui empêchaient leur passion de s’épanouir ne serait-ce qu’une seconde. Leurs moindres gestes étaient filmés pour être rapportés et observés à la loupe par le Conseil du Patriarcat.

Les patriarches étaient rendus si tant tellement obtus par leur intégrisme que même s’effleurer l’ongle du majeur par mégarde était considéré comme pêché mortel pour les non mariés. Car le pilier central mais ô combien vulnérable de l’ordre, de la morale et de la structure sociale de cette civilisation reposait entièrement sur l’hymen immaculé de la femme avant le mariage afin de garantir la lignée car si la maternité est une évidence, la paternité n’est qu’une question de foi. Les malheureux amoureux étaient à la torture si tant tellement que leurs nounous compatissantes conspirèrent pour détourner l’attention des paparazzi.

Elles utilisèrent deux hologrammes fabriqués par l’Intelligence Artificiellepour (IHA) pour remplacer les 2 soupirants dont l’imitation parfaite de leurs soupirs leurrèrent effectivement leurs cerbères pendant 1 seconde d’éternité. Mais cela suffit aux deux tourtereaux pour s’envoler à tire de propulseurs vers une planète lointaine supposée inhabitée mais habitable.

Il y règne un printemps éternel et son unique continent brodé de forêts ajourées de clairières forme comme une immense île, l’île du bonheur simple. Elle est entourée par l’océan des âges qui lèche en soupirant de bonheur ses plages de sable blanc comme neige et doux comme talc sur fesse de nymphe émue. Pourquoi ce paradis n’est-il pas encore exploité à fond par la faune prédatrice des investisseurs, des promoteurs et des entrepreneurs ? C’est qu’un féroce trou noir en a la garde. Incorruptible et impitoyable envers les méchants, il est sensible aux malheureux et donc aux amoureux. D’un battement de paupière complice il laissa passer les amants enflammés.

Peinture T-Bear 14/05/2008

La flamme de leur premier baiser fut tellement ardente qu’ils en oublièrent toute promesse de retenue. Encore dans les airs, à coups de baisers avides, ils explorèrent leurs corps jusqu’à l’assouvissement de leur altéaration En consommant ils se consumaient si tant tellement qu’ils durent se jeter à la mer pour ne pas être entièrement calcinés. Une fois leurs désirs rafraîchis, les voici saisis d’une autre faim toute aussi puissante, toute aussi naturelle mais non censurée par le patriarcat. Un irrésistible fumet de poisson grillé attira comme aimant nos amants rassasiés d’amour autant qu’affamés vers une petite baie.

Le seul habitant de la planète, un pêcheur solitaire, enfant unique de l’océan des âges, rôtissait les fruits de son labeur sur un gril  au dessus d’un feu charmant de sarments. Le couple sortit de la mer en se tenant par la main, vêtus de leur seule infinie tendresse. Mais ils n’en conçurent aucune gène tant le regard chaleureux et le sourire accueillant du pêcheur étaient exempts de toute malice. D’ailleurs n’était-il pas lui-même ceint que d’un simple pagne ? Il leur partagea avec joie ses poissons et quand tout le monde fut rassasié et heureux, l’homme qui les avait nourri REMERCIA le couple.

Pourquoi nous remercies-tu, lui demanda le prince, alors que c’est nous qui te devons gré ?

Parce que moi, le solitaire, j’ai connu la joie d’admirer en vous l’amour, la jeunesse et la beauté réunis et puis parce qu’à moi, le démuni, il m’a été offert la possibilité de donner à des êtres comblés.

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